Dans le monde du P2P, Bittorrent est clairement le protocole qui a le vent en poupe quand il s’agit de transférer de très gros fichiers. C’est vrai pour des vidéos (pirates ou pas), pour des CD-ROM de distribution GNU/Linux, pour des collections d’images photographiques, etc.
Parmi les logiciels P2P compatibles avec le protocole Bittorrent, Azureus est clairement celui qui a la faveur du public. Les réseaux le montrent. Cela provient sans doute pour une part de la versatilité d’Azureus, mais également de sa grande flexibilité qui lui permet d’être présent sur de nombreuses plateformes (écrit en Java, il a été porté sur presque tout ce qui comporte un microprocesseur : Apple, Linux, Windows PC, Unix workstations, etc.). Mais cela va avec une étonnante complexité en matière de configuration. Azureus limite la casse avec plusieurs niveaux de configuration, mais cela reste complexe.
Quand j’ai voulu installer Azureus, même avec mon expérience informatique, j’ai eu un peu de mal à trouver les meilleures options pour configurer ma machine. Je me propose donc de partager cette expertise récemment acquise, avec quelques commentaires libres.
Le PC d’accueil
Tout d’abord, je voudrais décrire la configuration du PC sur lequel j’ai essayé de faire tourner cette copie d’Azureus :
- Windows 2000 Pro
- Athlon 2600+
- 1 GB of DRAM
- Plein de place libre sur les disques durs
Configuration
Première remarque : pour pouvoir tout afficher, je vais travailler avec des copies d’écran en mode 1280×1024. Ca dit tout sur la longueur des listes d’options. Néanmoins, comme ces copies d’écran sont un peu réduites en taille, je vous invite à cliquer sur les images pour les agrandir.
Les ports TCP et UDP ont été choisi au hasard à l’installation d’Azureus. Pensez bien à ouvrir ces ports dans votre firewall, sans quoi le débit pourrait être très faible (10 à 100 fois moins que ce que vous pourriez espérer autrement).
HTTP n’est là que si vous avez l’intention de distribuer des fichier vous-même. Je conseille de ne pas le mettre en oeuvre.
Toutes les origines et tous les réseaux sont sélectionnés. La possibilité de ne sélectionner que les réseaux I2P et Onion Router/TOR n’est là que pour participer à des réseaux très sécurisés qui relèvent de la prochaine génération (I2P se rencontre déjà un peu sur les universités américaines) ou de la dissimulation de vos activités (TOR a été développé en vue de permettre de travailler sur Internet de manière anonyme – soit dans un pays où la censure est très active comme la Chine, l’Iran ou la Tunisie, soit pour des activités illégales). Mais cela reste marginal et vous n’en aurez vraiment besoin que si vous savez déjà de quoi il s’agit.
Comme je n’utilise pas de proxy Internet, je n’ai pas eu besoin de le configurer ici. Si vous avez besoin de passer par un Proxy, il vous sera sans doute difficile de travailler avec des débits élevés sous Azureus (il faut partager les ressources du Proxy avec d’autres utilisateurs…)
Le choix est assez simple ici. Le nombre de connexions sortantes simultanées ne doit pas être trop élevé pour éviter de saturer les possibilités de votre ordinateur : Windows 98 était sévèrement limité dans ce domaine, mais Windows 200, XP ou Vista n’ont plus ce problème. Unix, GNU/Linux et Apple n’ont pas ce problème depuis longtemps.
L’adresse locale de mon PC étant dans la tranche C (192.168.0.x) je n’ai pas à toucher aux options suivantes. Le MTU pourait être éventuellement optimisé, mais la valeur de 1500 est celle qui est la plus couramment utilisée dans les réseaux à haut débit.
Si vous avez un routeur ou un FAI qui supporte la gestion avancée de la Qualité de Service, vous pouvez fixer une valeur de TOS en fonction de la documentation qui vous a été fournie. Cela permettra de favoriser tel ou tel service (probablement voudrez-vous favoriser la qualité des communications téléphoniques ou TV).
Si vous n’en avez pas explicitement besoin (si votre FAI ne filtre pas le protocole BitTorrent), je vous conseille de ne pas encrypter les communications. Autrement, vous limiteriez le nombre de clients P2P joignables.
Ici, il convient d’être très attentif. Les valeurs présentées ici sont plus ou moins optimiales pour une connexion ADSL 20/22 Mbit/s comme on en trouve beaucoup en France aujourd’hui (ma connexion Free, par exemple). Mais la valeur de vitesse globale maximale d’envoi (première ligne) a été programmée à 0 (illimitée) avant de fixer une régulation automatique (voir plus loin). C’est ainsi que la valeur qui est affichée ici (139) varie tout simplement d’une minute à l’autre sans mon intervention. Inscrivez 0, sans hésitation.
Les valeurs d’upload max et de connexion max ont été fixées par mes soins pour limiter légèrement la charge réseau imposée à mon PC. Après tout un Athlon 2600+ n’est quand même pas un monstre de puissance et je m’en sers à autre chose que le P2P en Bittorrent…
Enfin, j’ai refusé de donner la priorité à une quelconque partie des fichiers. Cela est très rarement utile et a tendance à réduire vaguement la performance du téléchargement d’un fichier ; mais cela reste plutôt une question de goût.
La suite de la configuration précédente est importante ici. J’ai configuré pour une performance automatiquement adaptable (Azureus est étonnament puissant de ce point de vue). Je me suis contenté de lui donner un minimum d’upload pour ne pas tomber trop facilement à zéro : 64 ko/s. Là, votre valeur est aussi bonne que la mienne. J’ai plus ou moins choisi une valeur qui vaut la moitié de la capacité de ma liaison Internet (environ 120 ko/s en remontant). Mais on pourrait choisir une valeur un peu plus faible (32 ko/s) sans effet dramatique.
Par contre, je ne souhaite pas voir Azureus se casser la tête à réduire la vitesse de téléchargement (download). En effet, il est rarissime de monter à la pleine capacité d’une ligne ADSL moderne et dans ce cas, le téléchargement est tellement rapide que l’on en vient vite à bout.
Les autres paramètres sont là pour avoir une bonne réaction à la baisse (si Azureus pense qu’il faut limiter le débit, faisons lui confiance) et ne pas se précipiter trop vite dans l’autre sens (simplement pour des raisons de confort personnel).
La vitesse pour les connexions LAN n’a vraiment de sens que si vous pouvez trouver d’autres pairs sur le réseau local. Ce n’est pas du tout mon cas (malgré le nombre de machines sur mon réseau LAN), ce n’est que très rarement le cas (sauf peut-être en université), et donc j’ai choisi de ne mettre aucune limitation pour ne pas peser indirectement sur autre chose.
Le choix des options de téléchargement relève globalement de vos goûts, mais les choix par défaut semblent sensés. Seule remarque, je choisis de faire une allocation initiale des fichiers dès le démarrage pour ne pas découvrir en cours de téléchargement qu’il n’y a pas assez de place sur le disque de destination ou pour ne pas faire travailler le disque dur de manière trop désordonnée (j’aime bien l’ordre…) Ensuite, je veux toujours vérifier le fichier à la fin du téléchargement, ainsi le moindre incident peut être corrigé par une petite minute de téléchargement supplémentaire.
Je n’utilise pas la fonctionnalité de déplacement en fin de téléchargement. Autant télécharger directement au bon endroit plutôt que de se mettre à tout déplacer une fois fini.
Je stocke les torrents eux-mêmes dans le même répertoire que les fichiers téléchargés (une question de choix personnel uniquement) et je ne les lance pas automatiquement en téléchargement (toujours mon envie de tout maîtriser : je préfère un click de plus).
Je suis sans opinion, donc je garde les options par défaut.
Pourquoi faudrait-il supprimer automatiquement des torrents ? Je préfère le faire moi-même. Sauf pour ceux où Azureus est bien placé pour faire le choix.
La vérification de hash moins intensive mènerait à des délais vraiment importants sur mon Athlon 2600+ lorsqu’elle s’applique à des fichiers de quelques centaines de Mo.
Pour la taille du cache disque, j’ai suivi les indications d’aide qui sont à côté.
Les autres choix de performance sont soit des valeurs par défaut, soit des petites modifications qui favorisent un PC un peu faiblard comme le mien.
Le choix des options d’interface ne devrait pas avoir d’impact sur la performance, mais uniquement sur votre accès à Azureus. La liste des upload speeds est construite pour fournir des valeurs raisonnables dans le menu qui apparaît quand on clique sur la vitesse d’upload qui est affichée en bas à droite de la fenêtre.
Le choix de langue est considérable. Mais limitons-nous au français, tout en remarquant que certains messages restent en anglais (non traduits).
Je n’aime pas me voir lancer les messages de mise à jour trop souvent (je ne tiens pas à avoir à tout prix la dernière version avec les risques supplémentaires de bug). Par contre, j’apprécie d’avoir immédiatement les trois fenêtres importantes :
- Mes torrents
- Options (ne parle-t-on pas que de ça ici ?)
- Statistiques (parce que c’est joli et un peu fascinant)
Je déteste toutes ces alertes…
Le mode que j’ai choisi est « avancé » bien sûr. Mais si vous choisissez autre chose, vous ne verrez pas toutes les options décrites ici.
Aucun filtre IP, mais je me réserve la possibilité de l’utiliser. Sur ce point, je vous invite à me donner votre avis. Est-ce que ces filtres sont vraiment utiles ou relèvent simplement de la paranoia ?
Les plugins installés sont ceux par défaut.
Comme indiqué, il vaut mieux participer à la Base de Données distribuée pour améliorer vos téléchargements. Cela augmente notablement le nombre de pairs que vous allez voir et donc la vitesse de téléchargement. En plus, cela accélère sensiblement le démarrage des téléchargements.
Je n’utilise pas IRC (trop de complication pour un gain mineur : il faut chercher ici ou là les torrents qui sont peu visibles du public, mais ce n’est intéressant que pour chasser les vidéos les plus illégales ou les plus récentes).
Je ne fait guère de commentaires ou d’évaluation sur les torrents. Je me suis donc passé de prendre un pseudo pour cela.
Je préfère disposer aussi du tracker distribué dans tous les cas. Cela devrait être plutôt positif, je décoche donc la case.
Créer mon propre tracker (comme publier mes propres fichiers) ne m’intéresse pas. J’ai donc renoncé à tous ces points. Je n’ai même pas essayé de créer des catégories.
Je n’ai rien touché, mais il me semble que l’uPnP ne fonctionne que sur Windows XP et donc je n’en voit aucun effet.
Je suis sur PC, pas sur Apple.
J’active les statistiques parce que j’aime comprendre ce qu’il se passe et parce que les graphiques produits sur l’onglet correspondant sont absolument fascinants (un peu comme un cobra est fascinant pour sa victime qui restera des minutes sous le regard du prédateur :-).
Le classement des torrents en fonction des règles de scrape semble avoir une petit effet sur l’optimisation du réseau. Je l’active.
N’utilisant pas de tracker sur mon propre PC, il ne devrait rien avoir à configurer ici.
Les certificats signés seront sans doute utiles pour sécuriser l’utilisation de plug-ins, mais je ne suis pas prêt à me lancer dans encore plus compliqué que l’Azureus de base.
Je ne partage pas de fichier en dehors de ce qui est téléchargé. Donc configuration minimale ici.
La journalisation ne me semble pas utile dans 99% des cas.
Disposant d’une bonne connexion ADSL, je n’ai pas voulu limiter le nombre de téléchargements simultanés (ou pas trop : 10).
Ne surtout pas utiliser le mode Super-Source qui est plutôt réservé à ceux qui lancent un nouveau fichier sur le réseau. Pour tous les autres cas, cela a plutôt tendance à réduire la qualité et la quantité de vos téléchargements.
Il y a là des paramètres qui me semblent favoriser la politesse et la charité en matière de partage : aider ceux des torrents qui en ont le plus besoin ou que j’ai le moins aidé jusque là. Idem pour les options suivantes :
Je n’ignore pas de torrents.
Conclusion
Il n’est pas impossible de travailler avec Azureus. Mais il est clairement possible de se perdre dans les options de configuration. Les options par défaut ne sont pas mauvaises (heureusement, sinon le succés populaire ne serait pas au rendez-vous).
Je n’ajouterai qu’une remarque concernant le codage de l’application en Java. Clairement, c’est ce qui permet à Azureus de marcher sur autant de plateformes et de machines différentes. C’est aussi une application qui consomme beaucoup de mémoire (bien plus que BitComet ou µTorrent). Je recommande fortement de disposer de 1 Go de RAM sous Windows 2000 pro. Je suppose que le double ne fera pas de mal sous Vista (sachant que Microsoft conseille déjà 1 Go de RAM pour faire fonctionner l’OS seul).
La version Azureus utilisée ici est : v2.5.0.4.
Note complémentaire : pour ceux qui se demanderaient ce qu’est le petit graphe coloré qui apparaît en bas à droite des copies d’écran, il s’agit de BitMeter2, un outil de visualisation de trafic réseau que j’ai simplement « oublié » pendant que je faisais les captures de copies d’écran. La variation des hauteurs de rouge indique les changements d’activité (principalement des copies de fichiers qui sont sans rapport avec le fonctionnement d’Azureus à ce moment-là).
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