De retour de quelques jours de voyage au Népal, il est temps de partager avec vous cette étonnante expérience organisée par Amawanda et accompagnée par Alain Pons.
Moi qui suis plutôt un photographe animalier attiré par les grands espaces africains, j’avais été attiré principalement par la présence d’un photographe chevronné (Alain Pons) secondé par une organisation très professionnelle (j’avais pu les apprécier précédemment lors d’un séjour au Kenya en 2008). A noter également, le coût relativement modéré (pour un voyage animalier, s’entend) qui inclut -nous le verrons sur place- une part réservée à des actions locales de développement en complète coordination avec les structures locales et les organisations locales de préservation de la nature.
Le programme comporte essentiellement :
- 1 nuit à Katmandou en hôtel 3***
- 2 nuits à Pokhara en hôtel 3***
- 1 nuit à Lumbinī en lodge 2**
- 6 nuits à Bardia en lodge 3***
- 1 nuit à Katmandou en hôtel 3***
Le voyage aérien aller s’est effectué sans encombre sur Qatar, malgré un très long arrêt nocturne dans l’aéroport de Doha dont le seul magasin Duty Free ne constitue pas une attraction touristique notable (mais qui reste bien achalandé en alcools et en cigarettes pour ceux qui préfèrent faire leurs provisions en route).
Le trajet Katmandou-Bardia demande à peu près 20h de bus ou de voiture. Les étapes proposées au programme sont un bon moyen d’en briser l’inévitable monotonie. Un trajet en avion serait possible (il est inclus au retour) mais il serait dommage de se priver de la vue des vallées et de la route de montagne en quittant Pokhara.
Tout au long de ce trajet, je m’en vais vous faire quelques recommandations sur ce que le photographe curieux pourra trouver intéressant à voir.
Recommandations à Katmandou (népali : काठमाडौं, काठमान्डु, nepâlbhâsa : यें)
Prendre un vol vers l’Everest et faire un panorama depuis les hublots (attention à la correction des couleurs). Plus de conseils dans mon article sur la photo d’avion.
La visite de la vieille ville est un passage obligé mais plutôt que de faire temple après temple ou une collection de couleurs, arrêtez-vous pour photographier les innombrables artisans dont les ateliers s’ouvrent sur la rue (travail du métal, barbier, potier, couturier, etc.)
Recommandations à Pokhara (en népalais : पोखरा)
Photographiez un panorama de la chaîne Annapurna depuis Sarangkot (un point élevé d’observation à 1600m d’altitude), si le temps est découvert, mais il faut arriver bien avant le lever de soleil pour éviter les embouteillages (oui, vraiment).
La rue Lakeside/Baidam (presqu’au bord du lac Phewa) est un piège à touristes où la négociation des prix est de rigueur mais d’autres rues commerçantes pourraient attirer votre attention, comme les abords du lac qui offrent des perspectives intéressantes à la fin du jour.
La route vers le sud est une merveille où la lumière du matin vous permettra de saisir des rizières et différentes scènes de vie quotidienne selon les saisons. Puis, la traversée des vallées encaissées de la Tinaau et de la Adhikhola vous offrira des perspectives vertigineuses (à condition de ne pas les aborder trop tôt ou trop tard, la lumière des extrémités du jour ayant du mal à descendre aussi bas).
Recommandations à Lumbinī (Sanskrit: लुम्बिनी, « la belle »)
Si vous souhaitez passer un moment parmi les temples de ce lieu de pèlerinage bouddhiste, n’hésitez pas. Mais attendez-vous au kitsch le plus habituel dans ce domaine. Intéressant, mais jouez plutôt avec les loungta (lungta) ou « chevaux de vent », ces drapeaux à prière dans le vent et la lumière.
Les grues antigones pour lesquelles la cité est réputée sont difficiles à approcher en dehors du temple « international » où elles sont apprivoisées mais ce temple reste en construction et n’est pas encore ouvert au public [Ed. écrit en 2009]. Le digiscopeur se sentira avantagé par sa très longue focale.
Les routes très passantes seront l’occasion de rapporter des images des décorations joyeuses et colorées des véhicules (bus, camions et même quelques voitures ou taxis).
Recommandations à Bardia
Le marché du vendredi à Thakurdwara est un plaisir des yeux et les fermes alentour sont l’occasion de rencontrer des gens très pauvres mais souriants et accueillants : tous vous rendront votre salut ( « Namaste ! » en Népalais), parfois d’un retentissant « Bye bye! » souvent un peu amusé mais toujours enjoué.
La descente de la Karnali en raft ne présente aucune difficulté (tout au plus quelques éclaboussures) et permet d’approcher la faune sous une face plus détendue, en particulier pour les oiseaux à condition de naviguer près des rives (à négocier à l’avance). Les arrêts pour excursion à pied à partir des berges rompent la monotonie (il faut compter 2 jours pour aller du pont de Chisapani à Thakurdwara, soit toute la largeur du Bardia National Park).
A noter : si vous utilisez les services du Racy Shade Resort ou de Christophe Bouchoux, la surprise du camp intermédiaire à Gola restera longtemps dans votre mémoire comme un excellent souvenir.
Par contre, la traque à dos d’éléphant n’est pas facile à recommander aux photographes : au delà de 2 personnes par éléphant, les photographes se gênent (ne pas compter sur une focale plus longue que 200mm ou 300mm pour tenir compte de la stabilité toute relative et de l’impossibilité d’utiliser même un monopode ; un grand angle ou un 50mm peuvent servir pour les paysages, mais changer d’optique est un exercice périlleux ; prévoir un deuxième boîtier bien attaché à votre cou). Néanmoins, il faut admettre que l’éléphant passe là où aucun véhicule ne peut se rendre.
Je n’ai pratiqué qu’un lodge, le Racy Shade Resort booké par Amawanda pour ce safari, parmi la douzaine disponible sur place. Il est très convenable même si l’eau chaude reste disponible seulement en baquet préparé à la demande. Mais les lits, très durs n’attireront que les plus fatigués. Les autres feront avec…
Par contre, tous pays confondus, il est rare de rencontrer un réceptif local aussi bien intégré dans la vie locale et aussi directement impliqué dans le développement commun du parc et de la communauté locale. De manière exceptionnellement sensible, une partie significative des bénéfices est reversée dans des actions locales de développement coordonné du parc national et des villages attenants. C’est suffisamment inhabituel pour être avantageusement souligné. Tout indique qu’il ne s’agit pas d’un message marketing mais bien d’un quotidien et d’une priorité de toute l’équipe.
A l’intérieur du Racy Shade Resort, les oiseaux et les papillons sont très présents du fait des arbres et des fleurs de la cour centrale et des rizières proches : pics, drongos, mésanges, etc. Les digiscopeurs trouveront leur plaisir sans aller loin mais pourront traverser le cours d’eau pour accéder à la forêt communautaire toute proche. Il est vivement recommandé de toujours garder un appareil prêt à l’emploi sous la main pour se faire de petits plaisirs faciles. Certaines de mes images paraîtront ici dans les jours à venir.
Conclusion
Le point négatif de ce voyage a été l’absence quasi-complète d’animaux sauvages lors des sorties « safari ». Je n’ai pas vu beaucoup plus d’animaux exotiques qu’en forêt de Senlis. Mais les conditions météorologiques 2009 (une mousson très longue suivie d’orages dramatiques) avaient chassé les animaux vers le couvert et transformé profondément la topologie (déplacement des berges) au point de rendre improbables les observations malgré les efforts des guides. Nous avons ainsi appris que la meilleure période de visite est plutôt Mars-Avril pour profiter de conditions plus sèches susceptibles de pousser les animaux vers les rivières. Pour ce que nous en avons observé, la pluie récente est un obstacle considérable pour l’observateur ou le photographe de la nature.
A l’opposé, les innombrables traces animales au sol confirment la densité originale de la population animale. Mais pour ce qui est des observations… Alors, prévoyez de photographier les animaux moins farouches : les araignées peut-être, les libellules certainement (les affûts au rhinocéros au bord de l’eau sont l’occasion de mitrailler des libellules et des demoiselles – la macro au 400mm, voilà une technique qui n’était pas prévue au programme initial).
Finalement, j’aurai profité infiniment d’un dépaysement très plaisant dans un pays, le Népal, qui se révèle être très attirant parce qu’on y retrouve les couleurs de l’Inde avec le plaisir de photographier des gens qui acceptent le photographe, ne posent pas ou ne se cachent pas mais qui partagent avec vous. L’écran LCD de nos appareils numériques en devient un intense plaisir du partage avec les enfants comme les adultes.
Mais quand vous laissez l’appareil pendre à votre cou, c’est aussi le temps de l’échange simple avec des hommes et des femmes très accueillants pour peu que vous sachiez sourire et ne pas vous imposer brutalement. Se balader seul (ou à deux ou trois) est rendu encore plus simple par le très faible niveau d’insécurité (en ville comme à la campagne, les népalais sont très peu agressifs et restent d’un commerce très plaisant même en ne partageant que peu de mots).
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