Pendant longtemps, dans la deuxième moitié du XXe siècle, les « trains électriques » sont apparus comme le jouet technique par excellence pour les petits garçons. Passons rapidement sur les habitudes assez « genrées » que cela implique et amusons-nous de l’image que cela avait souvent : le papa qui offre un train électrique à son fils pour avoir le plaisir de jouer lui-même.
Mais ce qui n’était souvent qu’un jouet parfois un peu fragile souvent grossier et peu représentatif (comme le train JEP, sur l’image ci-contre, qui ne va guère au delà d’une ressemblance avec l’original) est passé à un statut beaucoup plus sérieux : celui du modélisme ferroviaire.
Il n’est alors plus question de jeux pour enfants mais de représenter fidèlement la réalité d’un monde technique. On passe du mécano à la maquette.
J’ai vécu toute mon enfance dans ce type d’environnement : une chambre entière occupée exclusivement par « le train », un espace où était installé « en dur » un circuit inamovible de dizaines (centaines ?) de mètres de voies, des décors soignés, une installation électrique évaluée à bien plus d’un kilomètre de fils électriques et une électronique (à l’époque encore simple).
Les amateurs de ce hobby se sont parfois déchainés avec une passion qui a permis de créer le terme de ferrovipathe amateur pour les décrire. Le « petit train » de jeu devenait une distraction d’adulte. Et c’est ce qui a permis à des marques de se faire une réputation parfois internationale. Les amateurs se souviennent encore de Marklin, Fleischmann (pour les allemands), Jouef, (pour les françaises), Rocco, ou Lima et Rivarossi (en Italie).
Ces petites merveilles de technique (dans les années 70, l’utilisation de la fonte de zamac a permis d’atteindre des niveaux de détail sans commune mesure avec les jouets antérieurs) sont même devenues objet de collection.
Alors quelle n’a pas été mon étonnement quand j’ai découvert ces dernières années que le « petit train » était en train de tomber dans l’oubli le plus complet. Les magasins disparaissent les uns après les autres (tout juste quelques forcenés continuent-ils, comme le Petit Train Bleu ou Au Pullman à Paris, ou Star Boutique à Palaiseau et Auxerre). Les ventes se concentrent souvent sur des foires itinérantes (pas toujours spécialisées), mais les commissaires-priseurs ne prennent plus ces « jouets » que du bout des doigts ; l’un d’eux m’a clairement dit : « le marché n’est plus là ; les ventes se sont plus qu’épisodiques ». On voit bien que même sur eBay (la plateforme idéale pour les achats, ventes et échanges), les transactions sont devenues rares et les prix se sont écroulés. La locomotive qui demandait d’investir une somme rondelette à son achat dans les années 70 part pour quelques dizaines d’euros (ou ne trouve pas acquéreur si c’est une pièce qui n’a rien d’original ou qui n’a pas gardé son emballage d’origine et un état quasi-parfait).
Alors cet article est mon petit hommage à un hobby qui a été pour moi « Le train », et qui est évidemment remplacé aujourd’hui par une console de jeux vidéo (dont je ne conteste pas l’intérêt puisque, cinquantenaire, je continue à jouer avec acharnement devant mon écran).
Ceux qui se passionnent encore n’en sont que plus respectables ; ils sont passionnés même dans l’ombre d’un hobby presqu’inconnu de nos jours. Certains trouvent une variété de distraction comme cet amateur qui a inscrit son circuit de trains électriques à l’intérieur d’une table à café :
Train électrique dans une table à café (source : Hackaday)
Dans les semaines qui viennent, je prendrai plaisir à livrer quelques liens Internet vers des découvertes qui ont récemment fait vibrer mes souvenirs d’enfant (et de jeune adulte puisque la conception de mon premier circuit électronique, avant même de rejoindre mon école d’ingénieur, avait été consacrée à la commande de signaux lumineux de trafic).
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